Ce que disent vraiment les images des prisonniers amaigris

 




Ce que disent vraiment les images des prisonniers amaigris


Deux prisonniers israéliens apparaissent amaigris dans une vidéo diffusée par le Hamas. En quelques heures,

 l’émotion médiatique enfle, les condamnations pleuvent. Le gouvernement israélien parle de « crimes contre

 l’humanité ». Les chancelleries occidentales s’alignent, la presse s’émeut, les plateaux télé se remplissent de 

commentateurs « choqués ».


Mais que voyons-nous exactement ? Deux soldats capturés pendant une guerre, détenus dans une enclave sous

 blocus, où la famine ne frappe pas seulement les prisonniers… mais toute une population. À Gaza, on meurt

 de faim chaque jour. Des enfants, des femmes, des vieillards, par dizaines. Et ceux qui ne meurent pas de faim

 sont souvent tués en allant chercher de la nourriture dans les rares centres de distribution qui subsistent.


La question n’est pas de minimiser la souffrance de ces otages. La question est : comment peut-on s’émouvoir 

de la maigreur de deux soldats, et rester silencieux face à la famine organisée d’un peuple entier ?


Car la famine à Gaza n’est pas un accident. C’est une méthode. Dès octobre 2023, les autorités israéliennes ont

 coupé l’eau, l’électricité, le carburant, et surtout, l’accès à la nourriture. Elles filtrent ou bloquent les convois

 humanitaires, conditionnent leur passage à des critères politiques, interdisent qu’une once d’aide « tombe dans

 les mains du Hamas ». Résultat : plus de 186 personnes parmi les quelle des enfants sont morts de faim, selon

 les chiffres compilés par les agences de l’ONU et Médecins Sans Frontières. Le reste de la population survit

 dans des conditions dignes du Moyen Âge.


Et l’on voudrait nous faire croire que le Hamas est responsable de la famine des prisonniers israéliens ? Ils vivent

 sous les bombes, dans le même territoire, soumis au même blocus. Leurs maigreurs sont celles d’un million et

demi d’êtres humains piégés dans une cage à ciel ouvert, privés de nourriture, de soins, d’abris.


Le plus ironique, c’est que plusieurs prisonniers israéliens ont été tués… par l’armée israélienne elle-même,

 lors de tentatives de libération ratées, comme l’a reconnu Tsahal. Et si ces otages sont encore là, c’est aussi parce

 qu’Israël a torpillé les négociations d’échange à plusieurs reprises, refusant un cessez-le-feu pourtant validé par 

les médiateurs égyptiens et qataris.


Cette indignation sélective en dit long. Pendant qu’on braque les caméras sur deux visages amaigris, on détourne

 le regard des plus de 14 000 prisonniers palestiniens entassés dans les geôles israéliennes, dont des enfants.

 Depuis qu’Itamar Ben-Gvir a pris en charge l’administration pénitentiaire, les témoignages de torture

, d’humiliations, de meurtres se multiplient. Plus de 68 détenus sont morts depuis octobre. Des soldats israéliens

 ont été filmés en train de frapper des prisonniers ligotés. Ils ont été défendus par des députés, puis relaxés.


Alors non, Israël ne peut pas jouer les victimes et les geôliers à la fois. Il ne peut pas affamer une population,

 puis s’indigner que ses propres soldats captifs souffrent eux aussi de cette faim qu’il impose. C’est l’hôpital qui

 se moque de la charité. C’est la guerre psychologique qui se pare de morale. C’est l’inversion accusatoire érigée

 en politique étrangère.


Affamer les civils est un crime de guerre. Affamer les prisonniers aussi. Mais s’indigner des seconds pour

 justifier le premier, c’est une insulte au droit, à la vérité, et à l’humanité.