10 - Le mensonge utile : non, le Hamas n’est pas responsable de l’échec des négociations à Gaza

 

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Le mensonge utile : non, le Hamas n’est pas  responsable de l’échec des négociations à Gaza



Depuis plusieurs mois, un refrain revient sans cesse dans les déclarations israéliennes et les relais occidentaux : le

 Hamas serait seul responsable de l’échec des négociations pour un cessez-le-feu à Gaza. Cet argument, martelé

 avec constance, a pour fonction non pas d’éclairer l’opinion publique, mais de justifier la poursuite d’une guerre

 d’anéantissement contre une population civile déjà ravagée par les bombes, la famine, les épidémies et l’exode.


Il est temps de rétablir les faits : ce n’est pas le Hamas qui fait échouer les négociations, mais la volonté délibérée 

du gouvernement israélien de prolonger la guerre, d’empêcher tout retour à la normale, et de redessiner Gaza

 selon ses intérêts stratégiques, y compris par la recolonisation et le transfert forcé de population.



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Une stratégie israélienne assumée de guerre sans fin


Israël affirme officiellement que la guerre cessera lorsque le Hamas sera « éradiqué ». Or, cette condition

 maximaliste, au demeurant irréalisable, revient à refuser tout accord politique de sortie de crise. Chaque fois

 qu’un cadre de négociation se dessine — qu’il s’agisse de propositions égyptiennes, qataries ou américaines —

 Tel-Aviv le sabote en y ajoutant des exigences impossibles à satisfaire : reddition totale du Hamas, abandon des

 armes, acceptation de la domination israélienne sur Gaza.


En mai et juin 2024, le Hamas a pourtant accepté plusieurs propositions d'accords en trois phases, incluant :


un cessez-le-feu temporaire débouchant sur un arrêt durable des hostilités,


un échange progressif des prisonniers israéliens contre des prisonniers palestiniens,


et un retrait israélien du territoire gazaoui.



Mais à chaque étape, Benjamin Netanyahou a publiquement désavoué ces accords, affirmant que « la guerre

 continuera jusqu’à la destruction du Hamas, quel qu’en soit le coût ». Plusieurs membres de son gouvernement

 d’extrême droite ont même menacé de quitter la coalition si un accord menait à une « paix durable ».



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Le vrai projet : nettoyage ethnique, recolonisation, annexion de Gaza


Au-delà de la guerre contre le Hamas, le projet israélien est politique et territorial. Il ne s’agit pas simplement de

 « se défendre », mais de refondre Gaza selon des logiques coloniales assumées par les plus hauts responsables

 israéliens.


Transfert forcé de la population palestinienne : dès octobre 2023, plusieurs ministres israéliens ont plaidé pour le

 déplacement massif des habitants de Gaza vers le Sinaï égyptien, évoquant une « solution durable » au conflit.


> « Gaza doit être vidée de ses habitants pour garantir la sécurité d’Israël » — Avi Dichter, ministre de

 l’Agriculture (octobre 2023).




Réoccupation militaire partielle ou totale : l’armée israélienne a installé des bases permanentes dans plusieurs

 zones évacuées de Gaza, notamment autour du corridor Netzarim, coupant la bande de Gaza en deux. Des

 responsables israéliens évoquent déjà un « contrôle sécuritaire indéfini » sur certaines régions du territoire.


Retour des colonies israéliennes à Gaza : des groupes de colons, soutenus par des ministres comme Bezalel

 Smotrich et Itamar Ben Gvir, appellent ouvertement à reconstruire les colonies démantelées en 2005, affirmant

 que Gaza « fait partie d’Eretz Israel ». Ces déclarations ne sont pas marginales : elles sont reprises dans des

 documents parlementaires et discutées dans les commissions de la Knesset.




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Une impasse diplomatique entretenue sciemment


On ne peut prétendre vouloir la paix tout en refusant toute perspective politique. On ne peut accuser le Hamas de

 bloquer les négociations alors qu’on refuse de s’engager sur la moindre échéance de cessez-le-feu, tout en

 bombardant les zones de négociation et en imposant un siège humanitaire à plus de deux millions de civils.


La feuille de route israélienne n’est pas celle d’une sortie de guerre, mais celle d’un remodelage territorial, 

démographique et politique de Gaza, au mépris du droit international et des vies humaines.



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Ne soyons pas les complices de ce récit falsifié


Accuser uniquement le Hamas d’entraver les négociations revient à fermer les yeux sur la stratégie d’occupation

 et d’épuration mise en œuvre par Israël. Cela revient à absoudre un agresseur qui poursuit un objectif colonial, et

 à criminaliser une population déjà accablée par une guerre de destruction massive.


L’histoire jugera ceux qui, par lâcheté ou opportunisme, auront relayé cette propagande. Il est encore temps de

 nommer les choses : le principal obstacle à la paix aujourd’hui n’est pas le Hamas, mais l’intransigeance

 idéologique et expansionniste du gouvernement israélien.

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