Quand Washington s’attaque à la justice internationale pour protéger l’impunité israélienne

 


Quand Washington s’attaque à la justice internationale pour protéger l’impunité israélienne



L’annonce faite par le secrétaire d’État américain Marco Rubio de sanctions contre quatre hauts responsables de la Cour pénale internationale (CPI) marque une nouvelle étape inquiétante dans la dérive de Washington. Les diplomates visés – Kimberly Prost (Canada), Nicolas Guillou (France), Nazhat Shameem Khan (Fidji) et Mame Mandiaye Niang (Sénégal) – n’ont commis qu’un « crime » : faire leur travail, c’est-à-dire appliquer le droit international et poursuivre les auteurs présumés de crimes de guerre.



Que reprochent les États-Unis à la CPI ? D’avoir osé franchir un tabou : engager des poursuites contre des responsables américains et israéliens. Or, ce n’est pas la justice internationale qui menace la souveraineté américaine, mais bien l’arrogance de ceux qui s’estiment au-dessus du droit universel.



Cette attaque frontale contre la CPI intervient au moment où la Cour a délivré des mandats d’arrêt contre deux dirigeants israéliens, dont Benyamin Netanyahou, et prépare des poursuites contre Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, architectes d’une politique ouvertement suprémaciste et annexionniste. Autrement dit, Washington punit la justice internationale pour avoir osé toucher à son allié israélien.



Pendant que la Maison-Blanche agite le spectre d’une « guerre juridique », la réalité sur le terrain est autrement plus dramatique : un peuple entier, à Gaza, est soumis à une campagne de destruction systématique que de nombreux juristes et instances onusiennes qualifient de génocide. En Cisjordanie, le gouvernement israélien accélère la colonisation et l’annexion de territoires, en violation flagrante du droit international.



L’urgence n’est pas de réduire au silence la CPI, mais d’empêcher la destruction de Gaza, de stopper les projets d’annexion et de mettre fin à l’impunité. Car c’est bien l’impunité – et non la justice – qui nourrit la spirale des violences.



Le monde n’a pas besoin d’une CPI affaiblie et intimidée par les grandes puissances, mais d’une Cour forte, indépendante, capable de juger les criminels de guerre, quels qu’ils soient et quel que soit leur passeport. C’est cela, l’esprit du droit international né des ruines de la Seconde Guerre mondiale : un droit universel, sans privilèges pour les uns ni exceptions pour les autres.



En s’attaquant à la CPI, Washington ne défend pas la justice, il défend l’impunité. Mais l’Histoire jugera. Et elle retiendra que, face au génocide en cours et à l’annexion programmée d’un peuple et de sa terre, les États-Unis ont choisi de sanctionner… non pas les bourreaux, mais ceux qui veulent les traduire en justice.




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